GROUPE SANEF

“ LE FLUX LIBRE EST UNE VÉRITABLE RÉVOLUTION POUR L’AUTOROUTE ”

Le groupe Sanef, gestionnaire d’autoroutes, innove cette année avec le déploiement du péage en flux libre pour, avant tout, fluidifier le trafic. La première phase de déploiement concernait l’A14 tandis que ces péages à détection automatique seront mis en place sur l’A13 fin 2024. Interview d’Arnaud Quémard, le directeur général du groupe.

Pouvez-vous présenter Sanef et son histoire ?
Le groupe Sanef a été fondé en 1963 et a célébré ses 60 ans en 2023. Il se compose de deux sociétés principales: Sanef, (Société d’autoroutes du Nord et de l’Est de la France), et SAPN (Société des Autoroutes Paris-Normandie). Nous sommes une société concessionnaire d’autoroutes dans le cadre de contrats de concession signés avec l’État. La concession Sanef couvre les autoroutes du Nord-Est de la France, tandis que SAPN gère l’axe majeur Paris-Caen (A14 6A13) et l’A29, reliant le nord de la France au Havre. Aujourd’hui, nous exploitons 1 800 km d’autoroutes, dont 364 km en Normandie, et employons 2200 personnes, dont 500 en Normandie. Sanef, filiale à 100 % d’Abertis, un groupe espagnol, réalise un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros par an.

Vous avez déployé les premiers péages en flux libre sur l’A14 en juin 2024. Pouvez-vous expliquer ce système ?
Le flux libre est une véritable révolution pour l’autoroute. Il s’agit de remplacer les traditionnelles barrières de péage par un système de détection automatique des véhicules. Plus besoin de ralentir pour payer. L’A14 est intégralement passée en flux libre depuis mi-juin, et en seulement quelques mois, nous avons enregistré 2,2 millions de passages sous les portiques. Nous entrerons dans une deuxième phase fin 2024 avec le déploiement du flux libre sur toute l’A13, un véritable défi en raison du volume de trafic bien plus important avec sept fois plus de véhicules. Nous devrons notamment sensibiliser les usagers occasionnels, qui représentent environ 80 % des passages sur cet axe.

Quels sont les avantages de ce système pour les usagers ?
Pour les automobilistes, le flux libre signifie moins de ralentissements, particulièrement aux heures de pointe et lors des périodes de forte affluence entre Paris et la Normandie. En supprimant les barrières de péage physiques, nous estimons qu’on pourra gagner jusqu’à 30 minutes entre Paris et Caen lors des week-ends chargés. C’est aussi une avancée environnementale. Nous évaluons que cette fluidité permettra d’économiser environ 30000 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle de carburant de 11000 véhicules. De plus, les anciennes barrières seront détruites et ces espaces pourront être rendus à la nature ce qui représentera environ 28 hectares.

Comment fonctionne le système de paiement en flux libre ?
Les tarifs restent identiques à ceux des péages traditionnels. Le paiement peut s’effectuer de trois manières. Soit avec un badge de télépéage fixé au pare-brise, détecté automatiquement par les portiques. Le paiement par carte bancaire est, lui, disponible sur notre site sanef.com : il faut régler dans les 72 heures suivant son passage. Il est possible de créer un compte client pour suivre en temps réel ses paiements voire pour associer sa carte bancaire à son compte afin que celle-ci soit automatiquement débitée lors du passage sous un portique. Il est possible également de recevoir une notification par mail à chaque passage pour penser à payer. Pour ceux qui souhaitent payer en espèces, un partenariat innovant avec la Française des jeux permet de régler dans les bureaux de tabac agréés, dans les 72 heures. Ce dispositif couvre parfaitement le territoire et répond à l’obligation légale d’offrir une option de paiement en espèces. En cas de non-paiement, des pénalités sont appliquées selon un barème légal, avec des montants fixes croissants. Puis cela peut aller jusqu’à une amende de 375 euros, encaissée par les pouvoirs publics lorsque le montant dû n’est pas payé après deux mois de relance

Qui sont les salariés derrière ce nouveau système ?
Notre centre de relation client, totalement dédié au flux libre est essentiel au bon fonctionnement de ce nouveau dispositif. Ce service est principalement basé en Normandie, avec plusieurs centres de relation client répartis entre Rouen, Pont-l’Évêque, Le Havre (via un partenaire), et les Yvelines. Ces centres sont majoritairement composés d’anciens salariés de la filière Péage que nous avons accompagnés dans une réorientation vers les métiers de la relation client. La mise en place du flux libre a aussi entraîné la création de 150 nouveaux emplois dédiés à la relation client, ce qui me fait dire que ce projet est créateur d’emplois. Les métiers ont également évolué: les salariés travaillent désormais dans des bureaux, ils sont moins exposés aux nuisances comme la pollution et ont des horaires plus réguliers, puisque le service client ferme la nuit, contrairement aux péages traditionnels qui fonctionnaient en continu. Par ailleurs, en collaboration avec la Région et la Métropole, nous avons intégré douze personnes éloignées de l’emploi, formées pour rejoindre nos équipes à Rouen.

Quels sont les autres projets en cours chez Sanef ?
Nous investissons chaque année environ 100 millions d’euros dans l’entretien et la modernisation de nos infrastructures. Cela inclut des rénovations majeures comme celle, l’an passé, du viaduc de Cricquebeuf près de Caen. Nous continuons également à développer des parkings de covoiturage en partenariat avec les collectivités locales. Nous avons également déployé 662 bornes de recharge rapide pour véhicules électriques sur toutes les aires de notre réseau, garantissant aux conducteurs une autonomie optimale avec des temps de recharge réduits. Enfin, nous investissons régulièrement dans la modernisation de nos aires de service, comme l’aire de Bosgouet Sud, qui a été entièrement rénovée récemment pour améliorer la qualité de service.

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