Presse

La chronique culturelle - N°3 - Novembre 2021

UNE ENVIE DE CINEMA ? Actuellement en salle

Eiffel de Martin Bourboulon. Avec Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps.

Résumé du film : Venant tout juste de terminer sa collaboration sur la Statue de la Liberté, Gustave Eiffel est au sommet de sa carrière. Le gouvernement français veut qu’il crée quelque chose de spectaculaire pour l’Exposition Universelle de 1889 à Paris, mais Eiffel ne s’intéresse qu’au projet de métropolitain. Tout bascule lorsqu'il recroise son amour de jeunesse. Leur relation interdite l’inspire à changer l’horizon de Paris pour toujours.

Mon avis : La mise en scène, les décors, les costumes et la lumière sont très beaux. C’est une belle reconstitution d’époque du Paris du XIXème. Le film relate l’histoire de la création de la tour Eiffel  qui est intéressante et l’histoire d’amour impossible de Gustave Eiffel. Très belle interprétation des acteurs. Le personnage de Gustave Eiffel et son travail d’ingénieur visionnaire aurait pu prendre plus de place dans le film que la romance. C’est un joli film.

Albatros de Xavier Beauvois. Avec Jérémie Renier, Marie-Julie Maille, Victor Belmondo.

Résumé du film : Laurent est commandant de brigade de la gendarmerie d’Etretat apprécié et respecté. Il aime son métier malgré une confrontation quotidienne avec la misère sociale. On le suit dans son travail et dans l’intimité de sa vie de famille. Un jour, un accident fait basculer sa vie : alors qu’il cherche à raisonner un agriculteur sur le point de se suicider, il le tue.

Mon avis : Film poignant, assez lent qui se déroule sur nos côtes normandes.

Un film qui traite des difficultés sociales d’une part et des chemins de résilience d’un homme confronté à un drame. Superbe interprétation de Jérémie Renier. Film d’une grande profondeur.

Je vous conseille aussi de revoir le très beau film de Xavier Beauvois Des hommes et des Dieux.

Illusions perdues de Xavier Giannoli avec Benjamin voisin, Xavier Dolan, Salomé Dewaels, Vincent Lacoste, Cécile de France, Jean-François Stévenin. D’après l’oeuvre de Balzac.

Résumé du film : Lucien est un jeune poète inconnu dans la France du XIXème siècle. Il nourrit de grands espoirs et veut se forger un destin. Il quitte l’imprimerie familiale de sa province natale pour tenter sa chance à Paris au bras de sa protectrice des arts.

Mon avis : Le film est porté par d’excellents acteurs et sublimé par une mise en scène virtuose.  Le film nous plonge dans le monde du spectacle et de la presse du XIXème siècle. On navigue entre conflits d’intérêt et soudoiement ; c’est la loi du profit et des faux-semblants. Une peinture féroce du monde des médias, replacé dans son époque mais aussi si contemporain ! Je trouve le film un peu long, mais c’est peut-être notre société qui va si vite, qui donne cette sensation ! Je vous laisse en juger.

DES OEUVRES A VOIR EN NORMANDIE

Prevert et Trauner de Christine Larivière. 2016 - Omonville-la-petite.

Ils sont assis l’un près de l’autre et ont l’air de discuter : Prévert « la clope au bec » tourné vers son ami Trauner. Leur effigie est bien à sa place, dans le petit square non loin de la maison de Prévert, dans ce village que l’un a fait connaître à l’autre, qu’ils ont aimé tous les deux et où Prévert s’éteint en 1977. Avec leurs têtes volontairement surproportionnées, ils ont l’air de de vieux enfants… Ils sont au naturel, on les reconnaît sans peine. Pas d’idéalisation, pas de schématisation. Le portrait de Prévert s’inspire d’une photo du poète attablé à une terrasse parisienne, prise par Robert Doisneau. Cette œuvre en bronze de la sculptrice Christine Larivière ajoute une note familière et chaleureuse à ce lieu déjà plein de charme.

Vous pouvez découvrir d’autres portraits de gens célèbres en bronze de cette artiste à Cherbourg (Roland Barthes - 2011 / Alexis de Tocqueville - 2011 / tout près du théâtre de Cherbourg et Le buste de Félix Vicq d’Azyr - 2012 à Valognes). Tous ces portraits sont des bronzes de belle facture.

C’est l’occasion de vous dire quelques mots sur le Musée Prévert d’Omonville-la-petite et de vous inciter à aller vous balader dans ce joli coin de Normandie au printemps prochain. Dans les années 1930, Jacques Prévert tombe sous le charme de la Hague. Toute sa vie, il aimera l’océan et reviendra régulièrement visiter ce bout du monde. C’est en 1970 que le poète achète une maison dans ce "coin de paradis". Aménagée par son ami Alexandre Trauner, décorateur de cinéma, Jacques Prévert vécut dans cette maison jusqu’à sa mort en 1977. Il est enterré au pied de l’église du village avec sa femme, sa fille et Trauner. Refuge discret du poète, la demeure a été ouverte au public en 1995.  Parmi les collections du musée on trouve quelques exemples, issus des collections départementales, de l'œuvre multiple que le poète nous a laissé, dans les différentes pièces de la maison : collages, éditions originales de recueils de poèmes, livres d’artiste en collaboration avec Ernst, Miro, Picasso…

La pièce maîtresse de la maison est son atelier dans lequel l'artiste passait beaucoup de temps. 

Et plus que jamais, à Omonville, il se passionne pour les collages, qu'il offre et dédicace à ses proches et moins proches.

L’arbre de Jessé. Les Vitraux de Georges Braque - Eglise de Varangeville-sur-mer.

Mon avis : L’église Saint Valery de Varangeville-sur-mer est située dans un endroit magnifique, au bord des falaises de l’Ailly qui surplombent la mer. Elle détient une collection des vitraux du grand artiste Georges Braque qui fait déplacer de nombreux touristes toute l’année, à juste titre.

Dépêchez-vous d’aller voir ces œuvres superbes tant que l’église reste ouverte au public.

L’église Saint Valéry de Varangeville, initialement bâtie au 12ème siècle a été agrandie au 16ème siècle. L’oratoire est irisé des bleus apaisants diffusés par la verrière de Braque (L’arbre de Jessé), dont la maquette a été réalisée en 1956 et a été mise en place peu de temps avant la mort du peintre en 1963. Les trois vitraux installés dans le cœur de la Chapelle Saint Dominique sont des dons de l’artiste.

Georges Braque (1882-1963) est un peintre français connu pour ses paysages de l’Estaque et co-fondateur du cubisme avec Picasso, un mouvement pictural basé sur la décomposition et la géométrisation des formes. Georges Braque repose dans le cimetière de Varangeville.

UNE EXPO A PARIS

Napoléon, Halle de la Villette. A voir jusqu’au 16 janvier 2022.

Le thème : L'exposition met en scène la vie de Napoléon sous toutes ses facettes, de l'homme intime au personnage historique. Elle évoque les aspects politiques, militaires, économiques et artistiques de l'épopée napoléonienne dans une perspective objective et contemporaine.

Mon avis : Expo idéale à voir en famille. Elle est didactique et a une belle scénographie. Le lieu de l’exposition est spacieux, le cheminement agréable. Le décor est beau. L’exposition est composée à la fois de très beaux objets de collection (uniformes, porcelaines,...), de vidéos et du célèbre tableau du couronnement mais avec une interaction technologique bien faite.

UNE EXPO EN NORMANDIE

Esquisses impressionnistes en Normandie, Les Franciscaines de Deauville.

L’exposition Esquisses impressionnistes en Normandie qui a débuté fin septembre est certes petite mais rassemble de belles œuvres. Le parcours proposé donne à voir la représentation de la nature et des paysages de Normandie à travers différents courants artistiques : du romantisme au réalisme en passant par l’impressionnisme, jusqu’au fauvisme et au pointillisme.

Tableaux et aquarelles de Jean-Baptiste Corot (1820), Will iam Turner (1830), Eugène Delacroix (1840), Adolphe-Félix Cals et Eugène Boudin (1860), Georges Seurat (1870), Louis-Alexandre Dubourg, Frank-Myers Boggs, Eugène Boudin (1880), Auguste Renoir (1890), Claude Monet, Emile Othon Friesz, Raoul Dufy (1900).

Mon Avis : Si vous ne connaissez pas encore le lieu, il est à découvrir. Les Franciscaines de Deauville est un beau lieu récent en Normandie. Il a été inauguré au printemps dernier. C’est à la fois un lieu d’exposition, une médiathèque. Il est doté d’un auditorium, fait office de lieu de réception et la cafétéria est très bonne et très agréable.

Concernant l’exposition temporaire, personnellement, j’ai été très touchée par les toiles, La jetée à marée haute d’Eugène Boudin, l’aquarelle d’une grande sensibilité Falaises à Dieppe d’Eugène Delacroix et Falaise, les environs de Dieppe d’Adolphe-Félix Cals, le paysage Le jardin à Amfreville d’Edouard Vuillard et Le Bassin du Roy au Havre de Raoul Dufy à la palette sombre.

A votre sensibilité et votre jugement !

UNE ENVIE DE LIVRE...

Le Banquier du Reich, BD (histoire d’Hjalmar Schaht) tomes 1 et 2, éditions Glénat. Pierre Boisserie / Philippe Guillaume et Cyrille Ternon / parution en 2020.

Le banquier du Reich raconte l’histoire de Hjalmar Schacht, un génie de la finance, qui, par trois fois, a sauvé l’Allemagne de la banqueroute, a porté Hitler au pouvoir avant de conspirer contre lui. Il s’est ensuite retrouvé dans les camps de concentration avant d’être prisonnier des alliés puis jugé et acquitté à Nüremberg, pour finir comme conseiller économique des Nations émergentes après-guerre. Un destin hors du commun pour un personnage très controversé, à la fois brillant et énigmatique ; et qui reste, malgré ses parts d’ombre, l’un des plus grand économiste de tous les temps.

Mon avis : Un destin hors du commun pour ce génie de la finance et un personnage très controversé bien sûr. J’ai été captivée par cette BD en 2 tomes et beaucoup aimé le trait de crayon du dessinateur. Je vous recommande également de lire la biographie D’Hjalmar Schacht Mémoires d’un Magicien.

Barracoon de Zora Neale Hurston, édition Le Livre de poche. L’histoire du dernier esclave américain.

En 1927, l’écrivaine Zora Neale Hurston recueillait le témoignage de Cudjo Lewis. L’un des derniers à avoir traversé l’Atlantique.

L’ouvrage Barracoon a été publié en français en 2019, un an après sa parution aux États-Unis, et quatre-vingt-huit ans après l’achèvement du manuscrit par Zora Neale Hurston, anthropologue et romancière. En 2021, il est édité par Le Livre de poche.

Zora Neale Hurston commence sa carrière comme anthropologue. C’est en 1927, dans le cadre de ses recherches, qu’elle rencontra Cudjo Lewis, l’un des ultimes survivants du dernier navire négrier qui quitta les côtes d’Afrique de l’Ouest à bord du Clotilda, en 1860, alors même que la traite négrière était interdite depuis plusieurs années.

Mon avis : un témoignage touchant. Une rencontre avec un personnage authentique et au langage parlé touchant. Un livre rapide à lire.

MUSIQUE

Riles, le rappeur rouennais qui se lance des défis !

Rilès Kacimi, alias Rilès, âgé aujourd’hui de 25 ans, est rouennais, est issu d'une famille originaire d'Algérie. Après avoir obtenu un baccalauréat scientifique, Rilès étudie la littérature anglaise à l'université de Rouen.  Il produit ses premières musiques de manière indépendante, écrivant en anglais pour que ses parents ne le comprennent pas et assumant une inspiration américaine. Il publie sur internet son premier EP Vanity Plus Mind en 2014, qu'il a écrit et enregistré à l'âge de 17 ans. De septembre 2016 à septembre 2017, il se met au défi d'écrire, enregistrer, mixer et produire une chanson par semaine pendant un an, publiée le dimanche sur sa chaîne YouTube, c'est le projet Rilèsundayz. Sa réèlle notoriété démarre en 2017. En 2021, il se lance le même défi, à vous de découvrir ses nouvelles chansons chaque dimanche.

Mon avis : un coup de cœur pour sa voix, un artiste complet, chanteur, musicien et producteur. Je ne suis pas une grande amatrice de Rap habituellement, mais ce Rap là est différent et plus accessible.

Boris Goudonov de Modeste Moussorgski. Metropolitan Opéra – Retransmission Pathé Gaumont du 6 octobre 2021.

L’histoire de L’Opéra : Boris Godounov, tsar de Russie a pris le pouvoir dans des circonstances opaques qui troublent sa sérénité. En apprenant par le moine Pimène les terribles actions menées par le souverain pour accéder au trône, le novice Grigori décide de provoquer le destin et entreprend de renverser le tsar en se faisant passer pour le prétendant légitime à la couronne.

Mon Avis : La retransmission des Opéras dans les salles de Cinéma est une bonne chose. C’est très bien fait, car on voit bien les visages des interprètes, il y a de courtes interviews, qui donnent la sensation d’être à l’Opéra, même si ça ne remplace pas le direct. Superbe voix de basse de l’allemand René Pape à la forte personnalité. Bel opéra.